mardi 12 juillet 2011

Discours de dépôt officiel de candidature

Mes chers amis,

Je viens de déposer ma candidature pour la primaire du Parti socialiste. C’est la première étape d’un chemin qui va nous conduire, je l’espère, je le veux, à l’alternance en 2012.

Cette journée est à la fois un aboutissement et un nouveau départ. Un aboutissement parce que ma candidature est le résultat d’un processus politique et personnel. J’ai longuement parcouru la France, rencontré et entendu les Français. J’ai compris leurs appréhensions face aux incertitudes, leurs colères face aux injustices et leur exaspération face aux impatiences. Mais aussi leur volonté de changement, leur exigence de considération et leur aspiration à l'union.



Le 31 mars, j’ai annoncé ma décision de me présenter à la primaire et devant les Français. J’ai engagé un travail long et patient avant d’aller devant les citoyens pour leur demander ce qu’il y a de plus essentiel : leur confiance. Rien ne m’a détourné de mon objectif, ni les circonstances, ni les événements. Rien ne nous sera d'ailleurs épargné jusqu’à mai 2012. Je suis prêt.
Durant toute cette période j’ai mis en avant un engagement majeur, une grande cause qui sera le thème fédérateur des élections présidentielles : la jeunesse. À travers elle, je m’adresse au pays tout entier pour porter le rêve républicain celui qui promet à chaque génération de vivre mieux que la précédente. Promouvoir la réussite des jeunes, investir dans l’avenir, réconcilier les âges, c’est montrer que la France a un destin, qu’elle est fière de ses valeurs. Et c’est aussi reconnaître la dignité de chacun. Il faut écarter les tentations de replis, de rejet, la frilosité et la peur que l’extrême droite veut installer.

J’ai aussi dit que rien ne serait possible sans justice. C’est la raison pour laquelle j’ai avancé l’idée d’une grande réforme fiscale, qui est la condition de la réussite des autres réformes. Sans elle, pas de cohésion nationale, pas de rémunération de l’effort, pas de création de valeur et pas de redistribution. J’ai exposé une conception exigeante de la présidence. J’ai compris que les Français étaient fatigués des excès, des errements et des exhibitions au sommet de l’Etat. Ils attendent une cohérence, une constance, une maîtrise, un respect bref une exemplarité du prochain Président. Il exerce pleinement le pouvoir qui lui sera conféré. Mais comment pourrait-il avoir l’illusion de réussir seul ? Il doit inventer une manière de mobiliser l’ensemble des énergies. Le Parlement doit retrouver sa fonction délibérative, les collectivités territoriales leur capacité d’action avec un nouvel acte de décentralisation, les partenaires sociaux doivent avec rôle consacré dans la constitution, enfin les citoyens pour accomplir la transition écologique et énergétique.

Aujourd’hui est un aboutissement, mais aussi un nouveau départ. Vous tous qui m'avez rejoint. Vous êtes ici, vous avez toutes et tous votre propre histoire, votre propre parcours, et vous êtes là, réunis par la même conviction de faire gagner la gauche et de donner un bon président à la France en 2012. Je suis conscient du travail qui m’attend, la droite et Nicolas Sarkozy ne quitteront pas le pouvoir qu’ils détiennent depuis déjà dix ans sans livrer bataille. Elle sera rude et âpre, et ils ne ménageront aucun effort pour user de la caricature, mais aussi de la peur et de ce que nous représentons. La droite ira jusqu’à se parer d’une vertu que ses échecs ne l’autorisent ni à porter, ni à revendiquer. Regardons ce qui est annoncé : Nicolas Sarkozy nous invente une règle d’or, alors que son gouvernement a plombé les déficits par des cadeaux fiscaux aux plus fortunés et fait exploser la dette publique. Nicolas Sarkozy est mal placé pour jouer au capitaine des pompiers, la France n’a pas besoin de changer de constitution pour redresser les comptes, elle a besoin de changer de Président.

Je l’affirme ici, la dette est mon ennemie et je la combattrai si la responsabilité m’en est donnée. Je la combattrai car je suis conscient des dangers et des menaces qu’elle fait peser sur la France, et sur l’Europe avec une spéculation qui ne ralentira pas si l’Europe n’est pas capable de fédérer les énergies et d’apporter une réponse politique rapide.

Je suis donc devant vous, car c’est la première étape. Le devoir de vérité m’habite, tout comme l'exigence d'action, car les deux vont de paire. Il faut être sincère sur la situation dont nous allons hériter, et volontaire pour la traiter efficacement. Pour réussir, il faudra rassembler, c’est la condition de la confiance.
Rassembler les socialistes, je souhaite que les primaires soient empreintes du respect des candidats et des candidates, ainsi que des Françaises et des Français. Je m’y tiendrai. Je veux convaincre sur ma démarche et ma capacité de gagner, je n’ai pas besoin de dénigrer et de dévaloriser. Il faut un débat de qualité.

Je fais confiance à l’équipe autour de moi pour mener une campagne enthousiaste et pour avoir la hauteur de vue nécessaire si l'on veut déjà regarder vers l’étape d’après. Rassembler la gauche dès maintenant, avec l’exigence de la justice sociale et la volonté d’assurer la transition énergétique et la mutation écologique. Rassembler les Français autour d’un pacte présidentiel, d’un contrat de gouvernement qui ne stigmatisera personne et qui n’écartera aucune bonne volonté ; prenons tous ceux qui voudront venir vers nous.

Nous sommes à un tournant de l’histoire de notre pays, le contexte est exceptionnel. Le monde est en pleine effervescence économique, démocratique, mais aussi sur militaire, et je pense ici à nos soldats qui sont présents sur un certain nombre de terrains. L'Europe traverse la plus grave crise de son histoire récente. La France doute d’elle-même, de ses capacités, de son destin, et il nous revient de lui donner cette confiance et cette visibilité de l’avenir. Nous ne sommes pas à la veille de n’importe quel scrutin présidentiel, la gauche n’a pas gagné depuis 23 ans ; c’est le temps qu’il a fallu à François Mitterrand pour devenir président en 1981. Ce n’est pas n’importe quel moment, à la veille de n’importe quel scrutin et face à n’importe quel président. De ce point de vue, il est exceptionnel ! Le changement est nécessaire et attendu. Je mesure ma responsabilité et je fais aussi appel à la votre, à vous et au-delà, pour tous ceux qui attendent et qui et qui espèrent un mouvement, une dynamique et une fierté. Nous devons être la gauche qui change, et je dois être le candidat qui convainc les Français.

Pour gagner en mai 2012, appelons-les à voter pour la primaire, rappelons que tous peuvent y participer. Disons à ceux qui souhaitent faire un choix qu’ils peuvent le faire librement et sereinement. Rien ne doit faire barrage, si nous arrivons à mobiliser, ce sera déjà la première défaite de Nicolas Sarkozy. Transformons les primaires en grand rendez-vous civique, préparons la victoire de 2012 et incarnons ce qu’il y a de plus élevé en démocratie et qui s’appelle l’espérance.

Merci.

François Hollande





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