LE MONDE | 11.07.11 | 13h56 • Mis à jour le 11.07.11 | 14h53
Nous avons signé, le 9 juin, un texte, "L'audace d'innover", pour revendiquer notre identité sociale-démocrate et réaffirmer les principes, qui, pour nous, devaient constituer les priorités du projet socialiste pour 2012. Sur la base de ce texte, nous avons évoqué la possibilité d'une candidature issue de nos rangs et échangé avec les différents candidats à l'investiture socialiste pour déterminer quelle était la meilleure solution pour que ces idées, inspirées par le projet réformiste que nous avions défendu autour de Dominique Strauss-Kahn, s'expriment au mieux dans les primaires.
Ce dialogue approfondi a été mené avec tous, dans le meilleur esprit. La fidélité à nos idées, le souci de la cohérence mais aussi la volonté de ne pas diviser notre parti nous conduisent à penser que c'est aux côtés de François Hollande que nous porterons le plus efficacement cette voix réformiste. Nous nous réjouissons que l'horizon judiciaire de Dominique Strauss-Kahn s'éclaire heureusement : le temps politique pourra ensuite s'ouvrir à nouveau pour lui, s'il le souhaite.
Nos choix demeurent. Avec François Hollande, nous assumons de vouloir dessiner une vision économique et sociale de gauche dans la mondialisation et refusons la tentation de la démagogie : l'autarcie ou le protectionnisme ne feront que dégrader le niveau de vie et pénaliser nos entreprises, très dépendantes de l'international. Dans la campagne, nous porterons cette volonté d'incarner devant les Français la responsabilité et l'expérience économique.
Nous devons pour cela créer les conditions d'une nouvelle croissance. Avant de pouvoir plus justement redistribuer la richesse créée, il faudra d'abord produire, plus et mieux. Il s'agit de créer des emplois dans les PME et les grandes entreprises, de financer l'innovation dans les régions françaises, de développer de nouvelles industries dans le secteur public et privé, de retrouver une capacité d'exportation, de diminuer nos importations d'énergie, bref, d'être efficaces pour redresser la France et la remettre au premier plan.
Dans le contexte d'une économie nationale stagnante, la forte croissance des inégalités et le besoin de justice rendent l'idée d'une réforme fiscale d'ampleur plus nécessaire que jamais. C'est pourquoi nous défendrons ensemble la création d'un impôt unique et individuel remplaçant l'impôt sur le revenu et la contribution sociale généralisée (CSG), prélevé à la source, pour plus de justice, de simplicité et d'efficacité. Face à la crise de la dette qui frappe plusieurs pays européens, un discours de vérité est nécessaire, tant les Français ont été trompés et déçus par les promesses exagérées de Nicolas Sarkozy et son "tout devient possible" : il nous faudra remettre de l'ordre dans les finances publiques françaises, fortement dégradées par dix ans d'exercice du pouvoir par la droite. Tout en réinvestissant dans les leviers d'avenir - jeunesse, innovation, industrie... -, nous devrons consacrer une attention extraordinaire à l'efficacité de cette dépense, notamment en généralisant l'évaluation de nos politiques publiques.
Cette exigence doit nous conduire à une réflexion volontariste sur la nature et le périmètre de nos politiques sociales. Le déficit de la Sécurité sociale doit certes être combattu, mais cet effort ne saurait se traduire par la régression des droits ou de l'accès au soin des plus démunis. Il doit justement se répartir et mettre à contribution les revenus du capital afin que le travail ne soit pas le seul à supporter le coût de la solidarité.
Cette vision économique et sociale ne se conçoit pas sans l'Europe. A l'heure où la situation de la Grèce, et maintenant du Portugal, alimente les peurs et les fantasmes autour de l'avenir de l'Union et de l'euro, nous réaffirmons notre confiance et notre ambition européenne. Nous croyons possible de faire du couple franco-allemand le levier d'une autre Europe. Encore faut-il que les deux pays renouent une relation gravement mise à mal par Nicolas Sarkozy.
Oui, nous voulons montrer qu'avec une autre couleur politique et un effort de démocratisation, une autre Europe est possible, avec l'euro pour monnaie : encadrer la spéculation financière, limiter les rémunérations excessives, faire participer les salariés à la gouvernance de leur entreprise... Au-delà de l'économie, nous avons en commun avec François Hollande une vision politique et démocratique de l'Europe, qui dépasse les cadres historiques et religieux. Le printemps des révolutions arabes doit nous conduire à nous interroger sur ce qui fait la chair de l'idéal européen, nous inciter à penser ce projet politique à long terme avec le pourtour méditerranéen.
Alternative au tout-nucléaire
Nous nous ferons enfin les porte-voix de l'urgence écologique, qui constitue depuis plusieurs années un des piliers de notre réflexion. Au-delà de la priorité donnée aux énergies renouvelables et à la nécessaire éco-modulation de la TVA, le drame de Fukushima nous invite également à faire, dans les années qui viennent, les efforts nécessaires pour préparer une alternative au tout-nucléaire. Nous voulons, sur ce sujet, incarner une voie volontariste et responsable. Cela implique de négocier avec nos partenaires européens la création d'un consortium européen, sur le modèle d'Airbus-EADS, pour produire à grande échelle sur le continent les éoliennes, panneaux solaires et autres sources d'énergie renouvelables qui pourront prendre à terme le relais du nucléaire.
Notre choix est un choix d'adhésion. Nous prendrons toute notre place dans la campagne de François Hollande, en lui apportant toute la force de nos convictions sociales-démocrates et réformistes.
Nous sommes persuadés que nos idées trouveront toute leur place dans l'alliance nouvelle qui se constitue aujourd'hui. C'est pourquoi nous nous engageons dans ces primaires en poursuivant le travail d'opposition et de proposition que les citoyens, qui souhaitent l'alternance, attendent de nous.
Yves Ackermann, président du conseil général du Territoire de Belfort ; Michèle André, sénatrice du Puy-de-Dôme ; Laurent Azoulai, membre de la commission nationale des conflits ; Karine Berger, première fédérale des Hautes-Alpes ; Jean Besson, sénateur de la Drôme ; Monique Boulestin, députée de la Haute-Vienne ; Martial Bourquin, sénateur-Maire d'Audincourt ; Michel Boutant, sénateur de la Charente, président du conseil général ; Emeric Brehier, membre du bureau national, premier fédéral de Seine-et-Marne ; Lyne Cohen-Solal, adjointe au maire de Paris ; Claude Darciaux, député de Côte-d'Or ; Yves Daudigny, sénateur de l'Aisne, président du conseil général ; Jean-François Debat, maire de Bourg-en-Bresse, vice-président du conseil régional de Rhone-Alpes ; Christiane Demontès, sénatrice-maire de Saint-Fons, membre du conseil national ; Vincent Eblé, président du conseil général de Seine-et-Marne ; Matthias Fekl, vice-président du conseil régional d'Aquitaine, adjoint au maire de Marmande ; Geneviève Fioraso, députée de l'Isère ; Jean-Louis Fousseret, maire de Besançon, président du Grand Besançon ; Ludovic Freygefond, maire du Taillan-Médoc, vice-président du conseil régional d'Aquitaine, premier fédéral de Gironde ; Karine Gloanec-Maurin, vice-présidente du conseil régional du Centre, première adjointe de Saint Agil, secrétaire nationale adjointe culture du PS ; Marc Goua, député-maire de Trelaze (Maine-et-Loire) ; Benjamin Griveaux, vice-président du conseil général de Saône-et-Loire ; Sylvie Guillaume, députée européenne ; Elizabeth Guy-Dubois, conseillère municipale du XIVe arrondissement de Paris, membre du conseil national ; Cécile Ha Minh Tu, membre du conseil national, conseillère générale de Haute-Garonne ; Jacques Helias, maire de Montbéliard ; Danièle Hoffmann-Rispal, députée de Paris ; Virginie Kles, sénatrice d'Ile-et-Vilaine ; Bernadette Laclais, maire de Chambéry, première vice-présidente du conseil régional de Rhône-Alpes ; Serge Lagauche, sénateur du Val-de-Marne ; Raymonde Le Texier, sénatrice du Val d'Oise ; Claudine Lepage, sénatrice des Français de l'étranger ; Jean-Jacques Lozach, sénateur de la Creuse, président du conseil général ; Raphael Nisand, maire et conseiller général de Schiltigheim, vice-président de la communauté urbaine de Strasbourg ; Safia Otokoré, vice-présidente du conseil régional de Bourgogne, membre du bureau national ; François Patriat, président du conseil régional de Bourgogne, sénateur de Côte-d'Or ; Jean-Paul Planchou, maire de Chelles, vice-président du conseil régional d'Ile-de-France ; Daniel Raoul, sénateur du Maine-et-Loire ; Remy Rebeyrotte, maire d'Autun, conseiller général de Saône-et-Loire ; Jean-Christian Rey, maire de Bagnols-sur-Cèze, conseiller régional de Languedoc-Roussillon ; Philippe Sarre, maire de Colombes ; Patricia Schillinger, sénatrice du Haut-Rhin ; Christophe Sirugue, député-maire de Chalon-sur-Saône ; Marisol Touraine, députée, présidente du conseil général de l'Indre-et-Loire, membre du bureau national.
Pierre Moscovici, député (PS) du Doubs et ancien ministre des affaires européennes
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